Questions de Nature
L’échinococcose, dommage collatéral d’un cycle parasitaire
Les humains deviennent parfois l’hôte accidentel d’un parasite du renard et du campagnol, qui provoque une maladie rare touchant le foie.
Qu’est-ce que l’échinococcose alvéolaire ?
C’est une maladie parasitaire due au développement de la larve d’un parasite, l’échinocoque, au niveau du foie. Dans le cycle sauvage, le vers adulte vit dans les intestins du renard et y pond des œufs. Ces œufs sont évacués dans les crottes de l’animal, qui atteignent l’herbe et sont ingérés par des campagnols, le parasite allant se loger dans leur foie. Les campagnols sont prédatés par le renard, ce qui permet au parasite de revenir à son hôte initial et d’atteindre une forme adulte. De tels cycles existent chez tous les parasites. L’Homme intervient ici de façon accidentelle et représente une impasse pour le parasite. En mangeant des baies, des pissenlits, ou en touchant des poils de renards, il est dans de rares cas atteint lui aussi au foie. Le parasite entraîne une forte réaction inflammatoire provoquant la destruction progressive de l’organe.
Cette maladie est-elle répandue ?
Environ 30 à 40 nouveaux cas sont détectés chaque année.
Avant 2008, ce chiffre était de 15 à 20 cas, mais cela ne traduit pas forcément une recrudescence, plus certainement une meilleure remontée de l’information. Pour chaque cas, une fiche détaillée est désormais remplie afin de recueillir des renseignements cliniques, géographiques… Ces données sont mutualisées au niveau européen pour faire avancer la recherche. L’est de la France est particulièrement touché, 65 % des cas étant diagnostiqués dans 5 départements : la Haute-Savoie, le Jura, le Doubs, les Vosges et la Haute-Saône. Cela s’explique en partie par le fait que l’œuf (éliminé dans le milieu extérieur avec les crottes de renard) survit plus longtemps dans des conditions froides et humides. La plupart des humains (sans doute 99 %) ayant ingéré les œufs du parasite ne développent pas la maladie. La majorité des personnes atteintes le sont suite à un contact répété. L’évolution de la lésion hépatique est généralement très lente. Environ 30 % des patients sont opérés pour ôter la partie atteinte du foie, les autres suivent un traitement à vie qui freine le développement du parasite et permet généralement de maintenir l’espérance de vie, mais ne tue pas le parasite.
Que faire pour ne pas attraper la maladie ?
Dans l’est du pays, il faut cuire tous les végétaux ramassés dans la nature, ou à défaut les rincer abondamment. La congélation ne tue pas le parasite. Les larves pouvant se trouver sur les poils du renard, même des baies qui ne sont pas au niveau du sol peuvent être infestées si elles ne sont pas au-dessus du garrot de l’animal. Lorsqu’on a un potager, il est recommandé de le clôturer et de bien se laver les mains en revenant du jardin. Il ne faut pas toucher de cadavre de renard à mains nues. Les chiens circulant librement doivent être vermifugés au moins une fois par mois avec un produit à base de Praziquantel.
Laurence MILLON, Responsable scientifique du Centre national de référence Échinococcoses au Centre hospitalier universitaire de Besançon
Le mot de l’experte
Quel est le rôle du Centre national de référence Échinococcoses ?
Il est missionné pour 4 ans par le Ministère de la Santé et l’agence Santé publique France pour assurer une expertise biologique et mettre en œuvre des techniques de diagnostic de l’échinococcose. Il se charge aussi d’enregistrer le nombre de cas et de récolter des données épidémiologiques et médicales. Il forme les professionnels de santé pour mieux diagnostiquer la maladie et informe le public. La recherche se poursuit pour améliorer les soins. L’une des pistes actuelles serait d’utiliser l’immunothérapie pour se débarrasser du parasite. Des études sont aussi menées pour trouver des biomarqueurs de l’activité du parasite dans le sang. Cela permettrait de mieux déceler les phases où il impacte le foie pour ajuster les doses de traitement en conséquence.
Pour en savoir plus
Visitez le site Internet du Centre national de référence Échinococcoses : https://cnr-echinococcoses-ccoms.univ-fcomte.fr.