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La paléoparasitologie, à la recherche des parasites à travers les âges

Question de Nature

La paléoparasitologie, à la recherche des parasites à travers les âges

Précieuse alliée de l’archéologie, la paléoparasitologie révèle bien des aspects de la vie humaine des derniers millénaires.

Publié le 18 janvier 2021

Qu’est-ce que la paléoparasitologie ?

C’est l’étude des parasites anciens à travers la recherche de traces de leur présence dans tous les échantillons archéologiques. Cette discipline permet d’établir l’état de la diversité parasitaire chez les humains et les animaux, pour toutes les époques, de l’histoire contemporaine jusqu’au Néolithique ancien. Au-delà, les restes archéologiques se font rares, car l’Homme ne s’était pas encore sédentarisé, mais aussi à cause des problèmes de conservation. Il est possible que les parasites étaient alors moins développés, car les contacts plus restreints entre individus favorisaient moins les échanges et les adaptations parasitaires, mais cela reste une hypothèse.

Quelles sont les méthodes employées en paléoparasitologie ?

Les parasites les plus étudiés sont ceux du système digestif, des vers (comme les ténias et les douves) ou des micro-parasites unicellulaires. Leur mode de transmission oral (par nourriture, boisson ou terre ingérée accidentellement) et leur écologie permettent de répondre à de multiples questions sur les populations anciennes : maladies, alimentation, gestion des déchets, animaux domestiques… Des prélèvements sont effectués sur les sites de fouille, soit au niveau de l’emplacement estimé des viscères sur les restes humains, soit à différents étages du sol dans les comblements. On recherche les œufs des parasites qui se conservent bien et dont la structure varie selon les espèces. Ils sont ensuite identifiés au microscope. On utilise aussi la biologie moléculaire pour retrouver des traces d’ADN parasitaire, ainsi que l’immunologie, qui repose sur l’analyse de restes antigéniques.

Quelles découvertes cette science a-t-elle permises ?

La paléoparasitologie aide les archéologues à établir la fonction de certaines structures, comme les latrines, les espaces réservés aux animaux. Dans plusieurs villages néolithiques des lacs périalpins, on a ainsi pu définir que des zones étaient destinées à l’élevage, d’autres à l’évacuation des déchets fécaux. La paléoparasitologie met aussi en lumière la circulation des parasites dans le monde. Sur un grand site sacrificiel au Pérou datant de 1450 environ, nous avons découvert la présence de la douve du foie, alors qu’on la croyait parvenue en Amérique plus récemment. Grâce à l’analyse de près de 500 échantillons prélevés sur différents sites de fouille, nous avons aussi pu démontrer que l’amibe Entamoeba histolytica existait en Europe de l’Ouest en 3 700 avant notre ère et qu’elle est apparue sur le continent américain autour du 12e siècle. Cette arrivée est peut-être due à la migration des Vikings jusqu’au Canada, ou à des flux dans les archipels entre Russie et Alaska.

Le mot de l’expert

Matthieu LE BAILLY, Enseignant-Chercheur spécialiste de paléoparasitologie à l’Université de Franche-Comté, Unité mixte de recherche Chrono-Environnement

L’Homme a-t-il toujours vécu avec des parasites ?

C’est probablement le cas. Sur les 7 derniers millénaires, la majorité des parasites connus aujourd’hui étaient déjà chez l’Homme. À partir de l’époque romaine, un parasite comme l’Ascaris est systématiquement retrouvé quelle que soit la fouille. On constate aussi que plus l’urbanisation se densifie, plus les parasites sont nombreux. Ces dernières décennies, la médication, le traitement des animaux d’élevage et le contrôle des viandes ont permis une quasi-disparition de ces parasites de notre tube digestif. Les scientifiques se posent désormais la question des conséquences de leur absence. Lorsqu’ils sont modérément présents, ils pourraient avoir des effets de régulation sur le microbiote intestinal. Leur absence laisserait la place à d’autres organismes à l’origine de maladies comme les cancers.

Pour en savoir plus

Pour connaître l’actualité de la recherche, visitez le site Internet du groupe de paléoparasitologie paleoparasitologie.univ-fcomte.fr. À lire aussi, le dossier sur les archéozoologies paru dans le n° 148 de la revue Les nouvelles de l’archéologie, disponible sur ournals.openedition.org.

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