L’éco-interprète construit des projets d’éducation à l’environnement à travers des actions de sensibilisation, d’information et de formation. Pour devenir éco-interprète, il existe une structure en France qui peut vous former : le CPIE Bresse du Jura. Coup de fil à son directeur, Jean-Luc Saulnier, également responsable de la formation et à Laura Schmitt, ancienne étudiante, devenue responsable du Service Éducation à l’Environnement au Pavillon du Milieu de Loire à Pouilly-sur-Loire (58).
Laura, quelle est votre formation, votre parcours ?
Laura Schmitt > J’ai fait une licence en biologie, puis un master en gestion durable de l’environnement pour les collectivités et les entreprises à Montbéliard. Après mes études, j’ai cherché du travail, mais j’avais du mal à décrocher des entretiens d’embauche. Dans mes recherches, je suis tombée sur la formation d’éco-interprète, que j’ai suivie ! J’ai pu y découvrir des pédagogies alternatives que j’ai voulues voir sur le terrain. J’ai donc fait un service civique à la « Ferme des Enfants », une école démocratique en Ardèche avec Sophie Rabhi. Aujourd’hui, je travaille au service éducation à l’environnement au Pavillon du Milieu de Loire !
Qu’est-ce qui vous a conduite à exercer le métier d’éco-interprète ?
L.S > Ça m’est venu pendant la formation d’écointerprète. J’avais fait des études plutôt scientifiques avec pas mal de connaissances généralistes, je me suis rendue compte que je voulais partager ces connaissances, et être en contact avec un public. L’animation me paraissait être le meilleur moyen.
Pouvez-vous nous parler de votre métier, de vos missions ?
L.S > J’ai la chance de pouvoir travailler au Pavillon du Milieu de Loire, où est basé le Service d’Éducation à l’Environnement de la Communauté de communes Cœur de Loire. Nous avons deux principales missions au sein du service : une autour de l’animation, où nous proposons des animations pour les scolaires toute l’année, et pour le grand public le week-end, en semaine pendant les vacances et de manière plus ponctuelle pour des soirées-débats, films ou conférences. Notre autre mission est autour d’expositions temporaires qui sont ouvertes à tous sur la nature et l’environnement d’avril à octobre.
Dans mes missions, j’ai une partie animation et une partie administrative, où je m’occupe des réservations, de la logistique des animations, de la facturation et des devis. Je gère également des projets : le programme d’animations, le choix des expositions, la relation avec l’équipe ou des partenaires.
Que vous a apporté la formation d’éco-interprète dans votre travail ?
L.S > Elle m’a apporté des connaissances sur comment structurer son travail, que ce soit dans la gestion de projets, d’animations, ou budgétaire, mais aussi beaucoup de méthodes, d’outils d’animations, comme la participation collective ou citoyenne. J’ai pu également me faire un réseau en Franche-Comté, ce qui est utile dans mon travail actuel pour de l’échange de pratiques, ou développer des projets sur place.
Selon vous, quelles sont les qualités pour devenir éco-interprète ?
Jean-Luc Saulnier > L’éco-interprète a une sensibilité forte sur les problématiques environnementales et est à l’écoute des citoyens. Il est à l’interface entre les deux. C’est un métier qui nécessite d’avoir de l’imagination : l’éco-interprète conçoit des projets, c’est une qualité forte. Il doit savoir penser en systèmes, en y intégrant les objets environnementaux, mais aussi des gens et des procédures qui sont à l’intérieur du système.
L.S > Il faut être ouvert d’esprit. Ce métier convient aux personnes qui sont en recherche de changement et qui souhaitent être plus en accord avec leurs valeurs. Des personnes qui ont une fibre nature, qui sont sensibles à l’environnement en général. Dans ma promotion, j’ai rencontré des personnes qui étaient dans l’ingénierie du bâtiment ou infographistes. Ce sont, justement, les compétences de tout le monde qui enrichissent les échanges, permettent de découvrir de nouvelles choses et d’expérimenter. La formation d’éco-interprète chamboule nos repères et nos conditionnements et nous permet de nous ouvrir à d’autres perspectives.
Laura, avez-vous des projets pour la suite ? Est-ce que cette crise fait que vous vous réinventez ?
L.S > Nous avons un projet « d’école du dehors » que nous souhaiterions tester sur notre territoire, en partenariat avec le GRAINE BourgogneFranche-Comté (réseaux d’éducateurs à l’environnement). C’est une pédagogie active où les enfants, accompagnés de leurs professeurs, se retrouvent en pleine nature. Cela permet d’aborder différemment les matières enseignées à l’école et de (re)découvrir son environnement. Avec une directrice d’école et une enseignante, nous avons commencé le projet en septembre 2020. Le but serait de faire connaître cette dynamique aux enseignants du territoire et de lancer d’autres projets !
Jean-Luc Saulnier, au sein de votre structure, vous proposez une formation qui est unique en France. Depuis quand existe-t-elle, pourquoi a-t-elle été créée ?
J-L.S > Dans les années 90, les structures d’éducation à l’environnement en Franche-Comté avaient du mal à trouver des personnes compétentes dans la conception et l’ingénierie de projets. L’idée de départ a donc été de réunir des personnes pendant 9 mois, de les former par rapport aux besoins des structures et de les embaucher. De fil en aiguille, la formation a perduré pour répondre à un besoin des structures d’éducation à l’environnement au niveau national.
À qui s’adresse la formation ?
J-L.S > Aujourd’hui, notre formation recrute des personnes qui ont fait des études supérieures en écologie, en environnement, en géographie, ou en sociologie, étant donné que la formation s’appuie sur des connaissances environnementales et éducatives. Ce n’est pas une formation où il y a des enchaînements de connaissances. On y enseigne de la méthodologie pour concevoir des projets en éducation à l’environnement et faire de l’ingénierie de projets.
Quels sont ses objectifs de la formation ?
J-L.S > L’ambition de la formation est de permettre aux futurs éco-interprètes de pouvoir concevoir un projet et de le concrétiser. Cela prend toutes sortes de formes : il y des éco-interprètes qui misent plutôt sur l’aspect éducatif, ils vont créer des animations, concevoir des programmes éducatifs tournés vers un jeune public, d’autres vont plutôt s’orienter sur des projets qui ne nécessitent pas d’être en contact avec le public directement, comme la conception d’un sentier d’interprétation de site ou de muséographie où la mission de l’éco-interprète est de proposer au public lors de sa visite une expérience, un apprentissage.
Contacts
Laura Schmitt
Communauté de communes Cœur de Loire
4 place Georges Clémenceau
58203 Cosne-Cours-sur-Loire
lschmitt@coeurdeloire.fr
www.coeurdeloire.fr
CPIE Bresse du Jura
18 rue des ponts 39230 Sellières
03.84.85.18.00
formation@cpie-bresse-jura.org
www.cpie-bresse-jura.org