Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Des chercheurs francs-comtois se penchent sur le rhinopithèque de Biet

Questions de Nature

Des chercheurs francs-comtois se penchent sur le rhinopithèque de Biet

Des scientifiques francs-comtois mènent des recherches sur le très rare rhinopithèque de Biet. Leurs travaux pourraient à terme participer à rétablir la connectivité de ses habitats, ainsi que la connectivité génétique entre populations. Interview.

Qui est le Rhinopithèque de Biet et pourquoi l’étudier ?

Le Rhinopithèque de Biet est un singe en danger critique d’extinction, victime d’un braconnage direct, mais aussi indirect à travers des pièges destinés à d’autres animaux. Il est endémique* de la province du Yunnan en Chine. 15 groupes isolés les uns des autres constitués de quelques centaines d’individus sont connus à ce jour. Écologues et géographes de notre équipe cherchent à identifier des lieux stratégiques qui permettraient d’établir une reconnexion entre les différents groupes.

La mise en place de corridors écologiques pour pallier la fragmentation des habitats due aux activités humaines rétablirait la possibilité d’un mélange génétique, ce qui augmenterait les chances de survie des populations. De plus, avec nos homologues chinois, notre laboratoire étudie l’un de ces groupes, en particulier par des analyses génétiques et une recherche de parasites.

Qu’a révélé la recherche parasitaire ?

Les premiers résultats, qui concernent uniquement les amibes, montrent qu’au moins une espèce d’amibe se retrouve à la fois chez les singes, les cochons domestiques et les humains. Il y a donc circulation du parasite entre ces espèces. Une petite partie du groupe de singes fait l’objet d’un nourrissage quotidien par les gardes de la réserve. Cela permet d’attirer des touristes et de les sensibiliser sur la conservation animale. Comme les vaches et cochons sont en libre pacage dans la forêt et que ces sites de nourrissage amènent aussi une présence humaine, les transmissions parasitaires sont impactées. Les contacts répétés représentent des incubateurs de passage de pathogènes entre humains ou animaux domestiques et singes, et inversement. Nos recherches visent à mieux comprendre ces phénomènes, ce qui pourra servir aux gestionnaires à adapter leurs pratiques.

Quels sont les enjeux sur le plan génétique ?

La raréfaction et l’isolement des populations nous font penser qu’une perte de la diversité génétique a eu lieu chez le Rhinopithèque de Biet. Notre travail permettra de valider cette hypothèse. Il semble d’ores et déjà que les individus qui sont nourris se mélangent moins au reste du groupe, ce qui crée davantage de consanguinité. Actuellement, le braconnage du Rhinopithèque de Biet a fortement diminué, mais toutes les problématiques de conservation doivent être considérées pour lui assurer un avenir. Les spécimens prélevés lors de la découverte de l’espèce au 19e siècle se trouvent au Muséum d’histoire naturelle de Paris. La comparaison de leurs ADN avec ceux des singes actuels participera à la mise en évidence de leur évolution génétique.


Le mot des experts

Eve AFONSO, Écologue Maître de conférences et Patrick GIRAUDOUX, Professeur émérite d’écologie à l’Université de Franche-Comté, Unité mixte de recherche Chrono-Environnement

Pourquoi la présence du Rhinopithèque de Biet est-elle si localisée ?

Dans la région, trois fleuves s’écoulent presque en parallèle : la Salouen, le Mékong et le Yangzi Jiang. Le Rhinopithèque de Biet vit dans une zone montagneuse entre le Mékong et le Yangzi Jiang. À l’est du fleuve Yangzi Jiang, on rencontre une autre espèce du même genre, le Rhinopithèque de Roxellane. À l’ouest, entre le Mekong et le Salouen, aucune espèce de Rhinopithèque n’est connue, mais cela ne signifie pas qu’il n’en existe pas, car le terrain rend les recherches difficiles. À l’ouest de la Salouen, se trouve le Rhinopithèque de Stryker. Par le passé, les barrières que constituent les rivières ont probablement généré une spéciation, c’est-à-dire la différenciation d’une espèce en plusieurs.


« Pour en savoir plus… »

Visitez le site Internet du groupe de travail international de recherche sur la santé des écosystèmes et l’écologie des maladies environnementales (en anglais) : gdri-ehede.univ-fcomte.fr. Vous y trouverez un dossier sur le programme sur le Rhinopithèque de Biet, « Yunnan snub-nosed monkey ».

Mini-glossaire

Endémique : qui ne vit qu’en un seul endroit du monde.

Rechercher

Partagez :

Consulter d’autres articles : 

Journée mondiale des serpents

Le 16 juillet, nous fêtons la journée mondiale des serpents. Souvent mal aimés, apprenez à les connaître en vous plongeant dans la lecture de l’Atlas

Nos dernières publications :