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Des ailes pour les tourbières : un programme jurassien innovant en faveur de papillons en danger

Questions de Nature

Des ailes pour les tourbières : un programme pour aider les papillons

Entre Haut-Doubs et Haut-Jura, des structures aux profils variés s’unissent autour de papillons en voie de disparition.

Publié le 26 avril 2021

Comme est né le programme « Des ailes pour les tourbières » ?

Sur le haut massif du Jura, plusieurs sites Natura 2000* ont notamment vocation à protéger des espèces rares de papillons liées aux tourbières, des milieux fragiles qui se sont eux-mêmes raréfiés. Le programme « Des ailes pour les tourbières » a démarré en 2006 dans le but de comprendre le comportement des papillons et de les quantifier entre ces sites Natura 2000*. Il a vocation à faire travailler ensemble des acteurs aux compétences complémentaires autour d’une convergence d’intérêts pour l’étude et la préservation de ces espèces : le Parc naturel régional du Haut-Jura, le CBNFC-ORI*, l’association Les amis de la réserve naturelle du lac de Remoray, le Conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté,

l’EPAGE* Haut-Doubs Haute-Loue et le Laboratoire d’Écologie Alpine de Grenoble, avec le soutien de la Direction départementale des territoires du Doubs.

En quoi consiste concrètement ce programme ?

Au départ, il s’agissait de mieux connaître la répartition sur le massif de quatre espèces menacées : le Cuivré de la Bistorte, le Fadet des tourbières, le Mélibée et le Nacré de la Canneberge. Nous avons ensuite cherché à améliorer les connaissances sur leur écologie. Les principales données publiées provenant de Grande-Bretagne et du nord de l’Europe, elles n’étaient pas entièrement valables ici. Par exemple, le Fadet des tourbières était connu pour pondre quasi-exclusivement sur la Linaigrette. Chez nous, il s’avère que les chenilles se nourrissent très peu de cette plante et beaucoup de laîches, ce qui explique une répartition non liée à celle de la plante hôte jusque-là supposée. Nous avons aussi mené des opérations de capture-marquage-recapture : en apposant une marque sur l’aile d’individus pour les reconnaître, il a été possible de quantifier les espèces, mais aussi de suivre les distances sur lesquelles elles se déplacent et de quelle façon.

Quelles sont les prochaines étapes du programme ?

Une étude est en cours sur le patrimoine génétique de différentes populations jurassiennes. Elle vise à démontrer s’il y a contact entre elles, et donc échanges de gènes. Grâce à des techniques récentes, nous saurons si l’éventuel isolement des populations est ancien ou non. S’il ne remonte qu’à une cinquantaine d’années, nous pourrons en déduire que les activités humaines sont en cause et tenter de solutionner le problème. Cette recherche est conséquente, puisqu’elle porte sur un grand ensemble de zones humides situées sur deux territoires d’une trentaine de kilomètres de long chacun. Notre programme a vocation à perdurer pour garder cette dynamique commune. À terme, il pourrait s’étendre à la Suisse.


Le mot de l’expert

Pierre DURLET, Chargé de mission Milieux naturels au Parc naturel régional du Haut-Jura

Comment les gestionnaires peuvent-ils intégrer les résultats du programme ?

Au niveau du développement urbain, il faut veiller à ce que les bâtiments n’entravent pas la dispersion des espèces et donc le brassage génétique. Sur le plan forestier, certaines plantations de résineux peuvent aussi représenter des obstacles, tout comme le fauchage des prairies, aujourd’hui plus précoce. Si la fauche a lieu en même temps que la période de vol, qui s’étend sur environ trois semaines, cela peut représenter un frein car ces papillons sont trop petits pour traverser de grandes zones de fauche. À l’aide de photos aériennes et satellites, nous cartographions les emprises de fauche et leurs évolutions. Nous serons peut-être amenés à mettre en place des corridors non fauchés avec l’aide des agriculteurs.


Pour en savoir plus

Retrouvez un article présentant le programme « Des ailes pour les tourbières » dans le n° 30 de la revue Bourgogne-Franche-Comté Nature.

Mini glossaire

CBNFC-ORI : Conservatoire Botanique National de Franche-Comté – Observatoire Régional des Invertébrés.
EPAGE : Établissement Public d’Aménagement et de Gestion des Eaux.
Natura 2000 :Réseau européen de sites naturels ayant une valeur patrimoniale et faisant l’objet d’une charte visant à leur protection.

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