Par François Moutou
Société nationale de protection de la nature


Le Loup gris (Canis lupus) est un des mammifères contemporains dont la répartition naturelle était l’une des plus larges connues. Jusqu’au début du XXème siècle, il occupait pratiquement tout l’hémisphère nord. Sur une aussi vaste surface les animaux présentent des variations morphologiques spectaculaires et des différences d’adaptations étonnantes.

Au niveau morphologique, la silhouette du loup est reconnaissable. Certaines races canines lui ressemblent, le loup étant l’ancêtre de tous les chiens domestiques. Un loup mâle adulte peut peser 20 kg en Arabie, 80 kg dans le grand nord. Le pelage est le plus souvent gris mais peut varier du blanc au noir. Carnivore, prédateur éclectique et social, le loup chasse en meute des proies qui peuvent être nettement plus grandes que lui, essentiellement des ongulés. Opportuniste, il sait être charognard à l’occasion. La part végétale de son régime reste modeste.

Côté adaptations, l’espèce habite la toundra arctique, les forêts boréales et tempérées, le maquis, les steppes, les semi-déserts, jusqu’aux forêts tropicales indiennes, en plaine comme en montagne. Les proies sont variables selon ces milieux. Le développement des activités économiques, le défrichement des forêts, l’élimination ou la forte régression des ongulés sauvages (tarpan, auroch, bison, cerf, chevreuil, sanglier en Europe occidentale) et l’arrivée de l’élevage, ont progressivement conduit à la disparition du loup de ces terres. Les troupeaux domestiques devenaient ses seules ressources. La pression humaine contre le loup est ancienne mais à la fin du XIXème et au début du XXème siècles, la régression est très forte. Les armes modernes et la strychnine font de gros dégâts.

En Europe occidentale, Espagne et Italie ont conservé l’espèce. En France il a probablement disparu peu avant 1940. Les études contemporaines sur le loup, en Amérique du Nord comme en Europe, ont commencé durant la seconde moitié du XXème siècle. Les paysages évoluent alors dans une nouvelle direction, avec les remembrements, l’arrivée de l’agrochimie, mais aussi une nette déprise agricole, une reprise de la forêt, sylviculture comprise, et la mise en place des plans de chasse pour les ongulés. Les populations lupines du sud de l’Europe commencent à croître. Les premières études modernes (Farley Mowat et David Mech aux USA, Felix Rodriguez de la Fuente en Espagne, Luigi Boitani en Italie) apportent peu à peu une autre image du loup, nettement plus positive et sans doute plus réaliste car débarrassée de nombreuses « croyances » antérieures.

Le noyau des Abruzzes s’est développé, a gagné les Apennins puis atteint les Alpes. En 1992, la première observation de loups sauvages et libres en France a lieu dans le sud des Alpes, dans le parc national du Mercantour, après un demisiècle d’absence.

Aujourd’hui il y aurait plus de 500 loups en France, essentiellement dans l’arc alpin, où ont lieu presque toutes les reproductions. Quelques individus erratiques vont parfois bien au-delà vers le nord et l’ouest mais sans installation. En ce qui concerne la Bourgogne-Franche-Comté, une meute est identifiée au niveau de la frontière franco-suisse à Marchairuz (limite Doubs, Jura et Suisse) et un ou des loups ont été photographiés dans la Nièvre.

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