
Actifs à différents étages, les vers de terre sont l’un des piliers pour un sol vivant.
Existe-t-il une grande diversité chez les vers de terre ?
Oui, on dénombre plus de 3 000 espèces dans le monde, dont 112 pour la France. Selon leur taille et la niche qu’ils occupent, on les regroupe en catégories écologiques. Les épigés, d’1 à 5 cm de long, ne font pas de galeries. Ils vivent dans les amas organiques comme le fumier ou la litière des feuilles. Leur pigmentation rouge les protège de la lumière. Les anéciques, plus grands, de 10 à 110 cm, creusent de profondes galeries verticales. On les reconnaît à leur gradient de coloration allant du rouge foncé au rose. Ils emportent la matière organique depuis la surface pour la laisser se décomposer dans leurs galeries avant de la consommer. Enfin, les endogés, d’1 à 20 cm, ne sortent généralement pas du sol, c’est pourquoi ils sont dépigmentés. Ils se trouvent à quelques cm ou dizaines de cm sous la surface et leurs galeries sont horizontales.
En quoi les vers de terre contribuent à la qualité des sols ?
Ce sont des consommateurs et donc des recycleurs de matière organique, qu’ils enfouissent et mélangent à la matière minérale du sol. Les diverses couches de sol, que l’on appelle « horizons », sont brassées grâce à leur activité : c’est la « bioturbation ». La structure du sol est aussi modelée par leurs déjections et leurs galeries, dont les parois sont des écosystèmes à part entière. Les vers de terre favorisent la formation de structures grumeleuses, optimales en agronomie. Ce sont à la fois d’excellents indicateurs de l’état d’un sol et de précieux partenaires pour notre agriculture.
Que faut-il faire face à leur diminution dans nos champs ?
On sait que les pratiques culturales influent sur la quantité de vers de terre d’un sol et sur les espèces présentes. En milieu cultivé, il y a beaucoup moins de vers de terre que dans une prairie permanente. Aujourd’hui, les solutions sont connues pour atténuer ce phénomène. Il s’agit de limiter ou d’abandonner certains usages : le travail du sol et le recours à des engins qui tassent et déstructurent le sol, les pesticides qui intoxiquent les vers de terre, la fertilisation minérale qui engendre une acidification du sol. Il est également important de maintenir un couvert végétal en interculture. Toutes ces mesures sont bénéfiques aux vers de terre et au reste de la biodiversité. Elles correspondent au fondement de l’agroécologie.

Geneviève CODOU-DAVID, Biologiste et administratrice à la Société des Sciences naturelles de Bourgogne et à Bourgogne-Franche-Comté Nature
Les vers de terre préfèrent les sols argilo-limoneux, profonds, avec un pH* plutôt élevé, de l’humidité, et bien sûr beaucoup de matières organiques, puisqu’ils s’en nourrissent. Ces animaux sont devenus emblématiques de la vie du sol, à raison, étant donné qu’ils y jouent un rôle majeur… et qu’ils sont visibles à l’œil nu. Ils ne sont pourtant pas les seuls à dégrader la matière. Myriapodes, collemboles, mais aussi bactéries et champignons microscopiques passent facilement inaperçus, alors que c’est bien toute cette biodiversité qui est à l’œuvre. On estime que les deux tiers de la diversité totale de notre planète sont représentés par les organismes vivant dans le sol !
Pour en savoir plus
Retrouvez en replay l’intervention de Geneviève CODOU-DAVID sur les vers de terre réalisée lors des 19e Rencontres BFC Nature.
Vous trouverez aussi toutes les conférences de ces Rencontres dédiées aux sols vivants sur la chaîne YouTube de Bourgogne Franche-Comté Nature ou sur le site : www.bfcnature.fr/les-rencontres/ en cliquant sur le bouton Replay.