Avec sa silhouette fantomatique et son imitable cri, l’Effraie a longtemps été injustement mal-aimée. Si elle bénéficie aujourd’hui d’une meilleure image, elle peine à trouver des lieux pour y élever ses petits.

Pouvez-vous nous présenter l’Effraie ?

Son plumage est très clair par rapport aux autres rapaces nocturnes bourguignons, de couleur blanche, tout au plus un peu rousse. C’est une chouette liée aux milieux ouverts : bocages, prairies, cultures, qui se reproduit dans les bâtis humains. Autrefois, c’était la moins rare des rapaces nocturnes avec la Chouette hulotte, mais elle a subi une forte régression. On comptait approximativement 1 500 couples en Côte-d’Or il y a 50 ans, un nombre qui a diminué de moitié. Avec l’effondrement de pigeonniers, la transformation de fermes en résidences secondaires, l’Effraie ne trouve plus de sites de reproduction. Son nom complet est Effraie « des clochers », mais ceux-ci sont presque tous engrillagés contre les pigeons, ce qui ne lui permet plus d’y nicher.

Que faire pour lui venir en aide ?

Aménager des nichoirs sur toutes les communes bourguignonnes participerait à rétablir ses effectifs. Peu importe que le bâtiment soit ancien ou moderne. En revanche, il faut que le nichoir soit situé à au moins 5 m du sol. Les dimensions sont de taille : une caisse de 100 cm de long pour 50 cm de large et de haut. Déposer quelques centimètres de sciures, de copeaux de bois, ou de paille sur le fond évitera que les œufs ne roulent. Le nichoir doit impérativement être équipé d’un dispositif anti-prédation contre les fouines. Cela consiste à fixer au niveau du trou d’entrée un morceau de tube coupé en biais, de 40 cm de longueur en haut et 30 cm en bas. Un plan de montage et des photos sont à consulter sur www.lachoue.fr.

Comment savoir si un nichoir est habité ?

Il ne faut surtout pas soulever le couvercle, ni provoquer de quelconque dérangement lorsque le nichoir est potentiellement occupé. En se postant à proximité bien caché, il est facile de voir une chouette s’envoler, ou d’entendre les soufflements des jeunes. Les adultes émettent aussi des soufflements en guise de cris de contact, et n’ont pas de chant, mais un cri aigu prolongé assez désagréable. La période de nidification est variable en fonction de la disponibilité en nourriture. Certaines années où les ressources manquent, l’espèce ne se reproduit pas du tout. S’il y a beaucoup de campagnols, elle peut faire une première couvée fin février et une seconde fin juin. Le plus souvent, il n’y a qu’une couvée courant avril. Les jeunes séjournent à peu près 2 mois dans le nid, jusqu’à ce qu’ils sachent voler.