Les adventices vivaces, des plantes des champs aux comportements encore peu connus

Pour mieux gérer les plantes sauvages vivaces qui cohabitent avec nos cultures, les scientifiques cherchent à tout savoir de leur dynamique.

Que sont les adventices et pourquoi s’y intéresser ?

Les adventices sont les végétaux qui poussent dans les champs sans avoir été semés par l’agriculteur. On préfère ce terme à l’expression « mauvaises herbes » car elles n’apportent pas seulement du négatif, comme les recherches le montrent aujourd’hui. Pour autant, les adventices entrent souvent en compétition avec les plantes cultivées pour les ressources du sol et la lumière et sont alors un frein à leur croissance. Depuis la seconde moitié du 20e siècle, elles sont massivement traitées par herbicides, mais les problèmes de santé environnementale et humaine engendrés par ces produits nécessitent d’en réduire l’usage. Il faut trouver d’autres façons de gérer les adventices.

Quelle est la particularité des adventices vivaces ?

Chez les adventices, on peut distinguer les annuelles, qui sont issues de graines et dont l’appareil végétatif ne vit pas plus d’un an, des vivaces ou pérennes, qui survivent plus longtemps grâce à des organes spécialisés, la plupart cachés dans le sol. Ces organes peuvent être des racines traçantes ou des rhizomes*, chargés de réserves nutritives. Les vivaces produisent des graines, mais en quantité moindre que les annuelles. Elles prolifèrent et se régénèrent surtout à partir de leurs réserves souterraines. En agriculture, le travail du sol détruit généralement les plantes annuelles, mais les vivaces subsistent via des morceaux de leurs racines ou rhizomes à partir desquels elles se régénèrent rapidement. Le chardon des champs compte parmi les adventices vivaces les plus problématiques en grandes cultures. On peut aussi citer le chiendent rampant, le liseron des haies ou le rumex crépu.

Comment les contrôler ?

Pour optimiser leur gestion, il faut connaître leur biologie : étudier leur cycle de vie pour savoir quand leurs réserves sont faibles, mesurer leur vitesse de repousse, identifier leurs conditions optimales de régénération… Je cherche des solutions par le biais de la modélisation* : en intégrant dans des modèles la biologie des espèces vivaces, il est possible de comprendre et de prédire leur comportement pour déterminer quand et comment agir sur elles et limiter leur nuisibilité. Cette approche par simulation sur ordinateur offre un gain de temps en dégageant des lignes directrices avant de tester des pratiques de gestion au champ.

Solèmne SKORUPINSKI, Ingénieure agronome, Doctorante à l’INRAE de Bourgogne-Franche-Comté dans l’Unité Mixte de Recherche Agroécologie et inscrite en doctorat à l’Université de Bourgogne

Les réserves des vivaces sont faibles au moment de la repousse post-hivernale, lorsqu’elles n’ont que quelques feuilles. C’est à cette période qu’une intervention pour les maîtriser serait la plus efficace. Une question subsiste : le choix de l’outil de travail du sol a-t-il un impact ? A priori, une racine ou un rhizome coupé puis enfoui par un outil n’aura pas la même capacité à repartir selon sa taille et sa profondeur sous terre. Dans tous les cas, il n’existe pas de solution toute faite. Les systèmes agricoles sont complexes, surtout ceux basés sur les principes de l’agroécologie. En tant que consommateur et en tant que citoyen, je pense qu’il est primordial de soutenir les agriculteurs dans leur choix courageux d’adopter des pratiques plus respectueuses de la vie et plus durables pour nos systèmes alimentaires.

Mini-glossaire

INRAE : Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

Modélisation : traduction mathématique de systèmes ou processus réels pour étudier l’effet que peuvent produire les variations de paramètres divers (environnementaux, techniques, etc.).

Rhizome : tige souterraine.

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